Les hospitaliers : passés de héros à salauds
Obligés au vaccin, contraints au passe sanitaire, infantilisés, méprisés, stigmatisés
Le syndicat SUD-SANTE APHP tenait mardi dernier son conseil syndical de rentrée, l’occasion pour l’organisation de faire un bilan de la période et d’envisager son action pour les semaines à venir.
Le syndicat tient avant toute chose à saluer l’engagement des hospitaliers qui malgré le contexte, la fatigue, le sous-effectif n’a jamais failli. SUD-SANTE APHP apporte son soutien tout particulièrement aux collègues de Guadeloupe et de Martinique, aux renforts de métropole dans la crise sanitaire catastrophique qu’ils traversent.
L’engagement des soignants, l’esprit qui les anime ne souffre pas des « plans com » du président de la République. Ce sont les mêmes qu’il qualifiait en son temps de héros qui sont là encore, toujours au lit du patient et qu’il méprise aujourd’hui au point d’en faire les boucs émissaires de ses propres incompétences.
Nos délégués sont unanimes, la période estivale a été compliquée et de nombreux lits ont dû être fermés. Ce qui inquiète plus encore reste l’incapacité actuelle de les rouvrir faute de personnel. Non seulement les départs se multiplient mais le recrutement ne se fait pas, c’est vrai sur l’APHP mais aussi sur les grands centres hospitaliers publics du territoire. 350 infirmiers diplômés en juillet dernier des instituts de formation de l’APHP n’ont répondu à aucune sollicitation d’embauche.
Faut-il s’en étonner ? 2 ans sur les 3 de leurs études, ces professionnels de santé les ont vécu en crise COVID, utilisés, exploités, ils ont entendu le président leur assurer une reconnaissance légitime, un monde d’après où la santé échapperait à la logique de marché, ils ont suivi les travaux du Ségur et la souris qui en est sortie. Ils sont passés de héros à salauds, obligés au vaccin, contraints au passe sanitaire, infantilisés, méprisés, stigmatisés.
Bon nombre d’entre nous, hospitaliers, se sont fait vacciner convaincus que la vaccination serait un des moyens de sortie de la crise sanitaire, de ce « merdier ». Mais nous avons aussi de nos collègues qui refusent la vaccination, ils ont une perte de confiance, rien d’étonnant quand pendant 18 mois nous avons eu tous les discours, des ordres contredit le mois suivant, un discrédit du discours scientifique, ils n’y croient plus. Alors ce que tous retiennent, c’est l’absence de soutien de la direction dans ce contexte, pire le Directeur Général justifie les orientations présidentielles et les applique sans discuter. Ce sera la menace, puis la mise en place de la répression, les entretiens, les suspensions et les retenues de salaires…insupportable, infondé, contre-productif, mortifère…A l’heure où l’APHP s’engage dans l’élaboration d’un projet social visant à améliorer l’attractivité et la fidélisation des professionnels il y a comme un coup de canif dans le contrat.
Le syndicat SUD-SANTE APHP sait pouvoir compter sur le sens aigu de l’intérêt collectif, l’attachement viscéral au service public de santé des plus nombreux y compris dans l’institution.
Le monde d’après se décidera avec eux contre ce retour à « l’anormal » et en construisant l’hôpital de demain dans sa nouvelle gouvernance. L’enjeu est bien là et pas dans l’affrontement stérile anti-vax et pro-passe qui contente essentiellement ceux qui ne veulent rien changer du tout !
