Les hospitaliers quittent le navire, Épuisés, déçus, désespérés

Rédigé le 19/11/2021

Au lendemain de la crise COVID, de ses 4 premières vagues en tous cas, les soignants baissent les bras, quittent le navire, épuisés, déçus, désespérés. Le constat est dramatique pour le syndicat SUD-SANTE APHP qui tout en comprenant les hospitaliers « démissionnaires » n’en mesure pas moins l’atteinte majeure d’une telle situation au principe, qui faisait contrat, d’un accès égalitaire aux soins pour tous. L’hôpital tout particulièrement ces derniers temps en était le garant, l’état lui-même l’en détourne au nom d’un dogme, d’une idéologie partisane, politique, la sacrosainte baisse des dépenses publiques.

La leçon d’un système néolibéral mondialisé incapable de répondre à la crise sanitaire n’aura pas suffi, la lueur perçue le temps d’un discours d’une morale politique (d’une prise en compte de l’intérêt général) de la part du président de la République n’aura pas duré. Le monde d’après reste le monde d’avant en pire puisque empli de tous les projets abandonnés, toutes les promesses trahies et de l’aigreur engendrée chez ceux qui y ont cru.

Martin Hirsch peut essayer de convaincre qu’il y a aussi une composante d’amélioration autour des conditions de travail et de la façon d’organiser celui-ci quand il propose entre autres mesures les heures supplémentaires majorées, l’augmentation de l’indemnité de nuit, une allocation étude versée rétroactivement, une politique de logements à loyer réduit, il cautionne lui aussi l’idée que le problème est salarial, rejoignant ici le syndicat SUD SANTE APHP dans son analyse.

Du reste, la loi du marché, celle qui régule tout, si chère à nos dirigeants le confirme. Les postes sont vacants à l’hôpital mais les établissements trouvent remplacement notamment chez les boites d’intérim.  Le coût de l’intérim augmente de 30% sur l’APHP, les professionnels ainsi recrutés gagnant souvent deux fois ce que touchent les titulaires au même poste.

Plutôt que de s’entêter, de croiser les doigts et de solliciter une fois encore la « conscience professionnelle » des soignants qui ne laisseront pas les malades sans soin, le gouvernement serait bien inspiré de revenir sur le Ségur, de constater ses manques, de remettre sur le métier l’ouvrage. L’hôpital en vaut la chandelle mais plus généralement la population en a besoin. Ce n’est pas une faute d’admettre son échec mais ça le devient quand le constatant, on ne change rien.

Le gouvernement semble pourtant en prendre le chemin, jouant le pourrissement des mouvements sociaux nombreux dans l’hôpital, répondant par le mépris aux cris d’alarme lancés, communicant autour des enveloppes débloquées en s’évitant le bilan sur les effets des mesures. Quand la situation leur pète à la figure, les dirigeants font mine de ne pas voir et en appelle aux bonnes volontés

C’est particulièrement insupportable mais surtout dangereux. Le contexte explique que SUD-SANTE APHP appelle l’ensemble des hospitaliers à s’organiser dans des assemblées générales d’établissement, à solliciter la représentation des usagers, à communiquer en direction de la population pour imposer le sujet de l’accès au soin dans l’actualité politique.

C’est ensemble, hospitaliers, usagers et population, que nous garderont notre hôpital, que nous réaffirmerons notre attachement à la sécurité sociale. Il y a dans le contexte un enjeu de démocratie sanitaire. A SUD-SANTE, nous pensons que si nos dirigeants avaient demandé aux gens leur avis, a supposé qu’ils en aient tenu compte, ils n’auraient pas pu faire de la santé et de l’hôpital ce qu’ils ont fait…

Le 4 décembr, dans un appel unitaire d’organisations syndicales généralistes, de syndicats de médecins de collectifs hospitaliers, de représentants des usagers, SUD-SANTE APHP vous invite à vous mobiliser pour donner à l’hôpital les moyens de remplir ses missions au plus près de vos besoins



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